Minetest est un moteur permettant de faire tourner des jeux de Voxel1 en solo, local ou serveur dédié avec un usage de ressources limité.
Concrètement, il reprend (copie ?) les concepts et l’esthétique de Minecraft sorti il y a une quinzaine d’années, mais est construit différemment.
Là où le code de Minecraft est fermé et propriétaire (bien qu’il ne soit dans les faits un mystère pour personne), Minetest est open-source et gratuit. De plus, Minecraft est célèbre pour avoir été codé en Java (ce qui se voit particulièrement sur les premières alphas), ce qui implique de charger l’environnement d’exécution Java (JRE) et implique d’utiliser plus de ressources. Minetest quant à lui, utilise un noyau C++ et des scripts Lua, ce qui pour faire simple retire la surcouche du JRE2 entre la machine et l’application, donc permet un gain de performance.
(Le code est lui aussi simplifié et plus performant).
Mais si Minetest n’est qu’un moteur, comment s’en servir ?
Jusqu’à peu Minetest était fourni par défaut avec Minetest Game (MTG), qui ressemble à peu près aux versions beta pré-1.8 (avant la barre de faim) de Minecraft. Et il faut dire que le résultat est assez impressionnant, puisque le jeu est extrêmement fluide et réactif. (Il est toujours possible de l’installer).
Le générateur de mondes, utilisant des algorithmes de Perlin3 crée des terrains à la fois vastes et cohérents, avec, selon les réglages, des chaînes de montagnes, des vallées, des rivières, ou des terrains imprévisibles composés de fractales. Les réglages sont très nombreux et assez complexes puisqu’on peut définir les biomes présents et leurs caractéristiques, mais aussi le climat ou les villages présents. Le mode v5 est particulièrement intéressant puisqu’il offre des terrains spectaculaires et jouables qui se démarquent du Minecraft originel.
Cependant MinetestGame peut vite s’avérer répétitif, et pour cause, il s’agit d’une base de jeu sur lequel il est vivement conseillé d’ajouter des mods, ne serait-ce que pour ajouter des monstres et animaux à chasser.
D’autres jeux sont aussi disponibles pour le moteur Minetest : Mineclonia, VoxeLibre (tous deux très proches de Minecraft), Backrooms Test (qui donne l’occasion d’explorer les fameuses backrooms de Tiktok), Repixture (une autre direction qu’aurait pu prendre Minecraft, où la technologie resterait néolithique).
Les jeux, mods et texture packs s’installent directement depuis le menu de Minetest, la bibliothèque de contenu est régulièrement mise à jour et permet de gérer les téléchargements en un clic. On choisit ensuite quel mod activer ou non dans un autre menu.
L’avantage indéniable de Minetest est sa légèreté, alliée à sa gratuité et sa portabilité. En effet il tourne sur presque tous les systèmes d’exploitation, FreeBSD, Windows, Linux, Android, MacOS.
En local la configuration du multijoueur est simplifiée puisqu’il suffit de cocher une option pour que la partie soit joignable sur le réseau local.
Il y a un peu plus de manipulations à effectuer pour héberger un serveur sur Internet, notamment ouvrir les ports du routeur, mais on peut rejoindre les serveurs actifs depuis le menu de Minetest.
La communauté est, en 2024, très active et vivante avec de nombreux serveurs disponibles. Comme toujours dans l’open source beaucoup de joueurs allemands, mais aussi russes et américains ont crée leurs serveurs.
Plus qu’une copie gratuite de Minecraft, Minetest et ses jeux cherchent à proposer une expérience alternative de jeu de Voxel, on ne peut qu’encourager ces initiatives, afin que le concept né autour de 2009 ne s’enfonce pas dans l’oubli ou bien se fige dans une expérience monolithique, mais reste vivant et continue à se développer dans de nombreuses nouvelles directions.
Une des critiques récurrentes de Minecraft est que les développeur n’écoutent pas l’avis de tous les joueurs, supprimant ou ajoutant du contenu au gré des mises à jour selon les envies d’une minorité de joueurs seulement. Avec Minetest chacun est libre de créer son propre jeu, tant qu’il en a les capacités mais le Lua est plus simple d’accès que le java.
On voit déjà par exemple que Mineclone2, un des jeux les plus complets de Minetest et qui se rapproche de Minecraft en terme de contenu s’est scindé en deux récemment, donnant naissance à VoxeLibre et Mineclonia.
Le premier est plus complet mais peut être lourd, tandis que Mineclonia est léger et mieux optimisé mais n’a pas certains contenus comme la musique par exemple.
Mentionné plus haut Repixture est un autre bon exemple puisqu’il offre un monde différent et familier à la fois, le monde est peuplé en majorité de créatures pacifiques et les constructions sont limitées au low-tech4. On peut aussi faire du troc avec les PNJ5 qui sont disséminés à travers le monde qui ressemble à un idylle préhistorique.
Si Minecraft a lancé un mouvement (enfin pas exactement, le concept a ses racines ailleurs6), Minetest offre aux joueurs l’occasion de prendre en main son développement et son avenir.
Lien : installation de Minetest.
https://www.minetest.net/downloads
Bon jeu !
- « Volume-pixel » il s’agit de mondes représentés par une grille en trois dimensions, ou chaque élément a sa place dans la grille. ↩︎
- Java runtime environment, environnement d’exécution de Java, permet de faire tourner les applications crées en Java. ↩︎
- C’est une différence notable avec Minecraft. Le bruit de Perlin est utilisé pour générer des terrains et textures aléatoires en plusieurs dimensions, avec chaînes de montagnes et cavités. ↩︎
- « Basse technologie » se dit des technologies simples et robustes accessibles au plus grand nombre, par exemple le feu, le terme est assez chargé idéologiquement cependant. ↩︎
- Personnages non-joueurs. ↩︎
- Infiniminer, un jeu de voxel a servi d’inspiration à Notch, le créateur de Minecraft. ↩︎